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L’important, c’est de participer, selon une citation attribuée un peu trop rapidement au baron Pierre de Coubertin. Pourtant, ce sont bien les médailles décernées aux vainqueurs qui concentrent l’attention et motivent les sportifs lors des Jeux olympiques. Et qui suscitent des interrogations, auxquelles nous tentons de répondre ci-dessous.
Qu’est ce qui compte pour le classement : les médailles d’or ou l’ensemble des médailles ?
Officiellement, le Comité international olympique ne publie pas de « classement » des pays, mais un « tableau » des médailles, à titre informatif. Toutefois, ce dernier est trié dans l’ordre du plus grand nombre de médaillés d’or. En cas d’égalité, les pays se départagent sur les médailles d’argent ou de bronze. Ce système est repris par les médias du monde entier (y compris Le Monde), à l’exception des Etats-Unis, qui affichent le nombre total de médailles gagnées, « de manière à être toujours premiers », note malicieusement la revue Le Grand Continent.
Pourquoi distribue-t-on deux médailles de bronze dans certaines épreuves ?
Si vous avez suivi les cérémonies de remises de médailles depuis le début des JO, vous avez peut être vu monter deux drapeaux au moment de la remise de la médaille de bronze. C’est le cas notamment en boxe, où les deux perdants des demi-finales sont d’emblée considérés comme troisièmes – ce qui leur évite un combat supplémentaire.
Le système est plus complexe dans d’autres disciplines comme le judo, la lutte ou le taekwondo : un repêchage est organisé pour les quatre perdants des quarts de finale, qui peuvent s’affronter entre eux. Les deux meilleurs combattent ensuite contre les deux perdants en demi-finale pour la médaille de bronze. Les athlètes ont ainsi une chance supplémentaire d’accéder à une médaille, et les spectateurs peuvent voir davantage de combats.
Plus rarement, il arrive que des athlètes ne parviennent pas à se départager et finissent ex aequo sur le podium. Ce sont souvent de belles histoires, que nous racontons dans cet article :
La médaille d’or a-t-elle toujours existé ?
Les médailles ont varié au début des Jeux modernes, comme le rappelle le Musée olympique. Au départ, le vainqueur recevait une médaille en argent, et le deuxième en bronze. L’or n’est apparu qu’en 1904.
L’apparence de cet objet symbolique a été standardisée à partir des JO d’Amsterdam en 1928 avec, sur l’une des faces, une représentation de la Victoire assise tenant une couronne et une palme. Elle change en 2004, avec une représentation de la déesse Athena Niké d’Olympie descendant du ciel. Pour les amateurs, une exposition consacrée à l’évolution de ces médailles olympiques est visible à la Monnaie de Paris jusqu’au 3 novembre.
Pour les JO de 2024, la conception des médailles a été confiée au joaillier français Chaumet, qui a ajouté une Tour Eiffel à l’arrière-plan de cette gravure, mais a surtout inséré sur l’autre face des fragments de plaque de fer puddlé de 18 grammes provenant de la Tour Eiffel.
Suivant les recommandations du Comité international olympique, les médailles mesurent 85 mm de diamètre, pour un poids allant de 455 grammes pour le bronze à 529 grammes pour l’or.
Quel est le nombre record de médailles olympiques remportées par un seul sportif ?
Si le nageur Léon Marchand a impressionné le public français en récoltant cinq médailles, dont quatre en or, lors des Jeux olympiques de Paris – ce qu’aucun Français n’avait jamais fait depuis cent ans –, il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour égaler le palmarès du roi de la discipline, Michael Phelps. L’athlète américain a cumulé sur quatre olympiades le record absolu de 28 médailles, dont 23 en or. Il est aussi le seul athlète à avoir remporté huit médailles sur une seule édition (en 2004 et en 2008).
Parmi les femmes, le record est détenu par la gymnaste soviétique Larisa Latynina, qui a récolté 18 médailles entre 1956 et 1964, dont neuf olympiques. La nageuse américaine Katie Ledecky pourrait la détrôner : elle détient déjà neuf titres olympiques (dont deux obtenus à Paris) et treize médailles au total, alors qu’elle n’a que 27 ans.
Combien de médailles sont distribuées pendant les JO ?
Pour l’édition des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, la Monnaie de Paris a fabriqué 5 084 médailles. Ce chiffre élevé s’explique notamment par les sports collectifs et les relais, lors desquels chaque membre de l’équipe médaillée repart avec sa récompense autour du cou. A Paris, les athlètes reçoivent aussi une peluche Phryge, et une affiche officielle des JO dessinée par Ugo Gattoni.
Selon les tailles des équipes récompensées, il est possible que la totalité des médailles ne soient pas distribuées. Mais n’espérez pas pouvoir en acheter : celles qui restent sont précieusement conservées par le CIO pour des cas éventuels de réattribution (en cas de dopage par exemple) ou sont détruites.
Combien rapporte une médaille à un sportif ?
Le Comité international olympique décerne des médailles très prestigieuses, mais pas de gratification financière. Ce sont les délégations nationales qui peuvent récompenser pécuniairement leurs athlètes médaillés.
En France, l’Etat octroie par exemple une prime de 80 000 euros aux médaillés en or (contre 65 000 euros à Tokyo en 2021), 40 000 euros pour l’argent et 20 000 euros pour le bronze. Elles sont cumulables – une bonne nouvelle pour Léon Marchand ou Teddy Riner – mais aussi soumises à imposition (même si le député Les Républicains Olivier Marleix vient de proposer de les exonérer).
Des primes sont aussi versées à l’encadrement : l’entraîneur peut désormais gagner l’équivalent de la prime de médaille d’or (contre 50 % auparavant). Le projet de loi de finances pour 2024 avait budgétisé une enveloppe de primes de 18,64 millions d’euros, ce qui correspondrait environ à 46 médailles d’or, 41 d’argent et 51 de bronze pour l’ensemble des Jeux olympiques et paralympiques.
Les dotations aux athlètes sont très variables d’un pays à l’autre : 180 000 euros pour une médaille d’or en Italie, 700 000 euros à Hongkong… et rien du tout en Suède ou en Nouvelle-Zélande, selon L’Equipe.
De plus, pour la première fois cette année, la Fédération internationale d’athlétisme a annoncé qu’elle verserait 50 000 dollars (46 000 euros) aux 48 médaillés d’or de la discipline. La Fédération internationale de boxe (contestée par le CIO) lui a emboîté le pas, en promettant des primes de 25 000 à 100 000 dollars à répartir entre les médaillés, leurs entraîneurs et leurs fédérations.
Combien une médaille peut-elle se revendre ?
La valeur d’une médaille est inestimable pour les sportifs, mais rien de leur interdit de la revendre à des collectionneurs.
La plate-forme d’investissement belge Saxo a calculé, à partir du prix des métaux précieux, qu’une médaille d’or (composée de 6 grammes d’or pur et de 505 grammes de noyau d’argent) coûtait 862,57 euros – soit 34 % de plus que celle des JO de Tokyo, trois ans auparavant, en raison de l’inflation du métal précieux. La médaille d’argent est estimée à 436 euros, alors que celle de bronze ne vaut que 3,58 euros (soit moins qu’un ticket de métro à l’unité, raille-t-on sur les réseaux sociaux).
Mais le prix peut augmenter en fonction de l’ancienneté ou du titulaire de la médaille. Le New York Times a ainsi raconté qu’une médaille des Jeux d’hiver de 1956 avait été vendue aux enchères pour plus de 3 000 euros.
Anne-Aël Durand
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